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de M. Renan. La vraie puissance de ce merveilleux talent est dans sa douceur, dans sa modestie généreuse, dans l’esprit de véritable charité qui le pénètre et qui émane de lui. C’est un rare type de penseur. Épris de raison et de liberté jusqu’à tout sacrifier s’il le fallait à ces lois sublimes, il reste l’apôtre fervent du sens divin dans l’homme ; sa conviction désarme le positivisme le plus méfiant, et voici que l’âme la plus ferme dans la voie du matérialisme bien entendu lui répond :

« Le sentiment du bien et du mal est un fait primordial de la nature humaine ; il s’impose à nous en dehors de tout raisonnement, de toute croyance dogmatique, de toute idée de peine ou de récompense. Il en est de même de la liberté, sans laquelle le devoir ne serait qu’un mot vide de sens. La discussion abstraite si longtemps agitée entre le fatalisme et la liberté n’a plus de raison d’être ; l’homme sent qu’il est libre, c’est un fait qu’aucun raisonnement ne peut ébranler. Les anciennes opinions, nées trop souvent de l’ignorance et de la fantaisie, disparaissent pour faire place à des convictions nouvelles fondées sur l’ob-