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j’avais été admise, pauvre hère, en cette illustre compagnie, j’aurais réclamé plus haut pour les pauvres d’esprit menacés d’extermination finale par les puissants moyens de force brutale que posséderont un jour, au dire de cet exalté, les hommes de science, et voici ce que le paysan du Danube se fût permis de lui répondre :

« Vous dites que l’avenir du monde appartient aux savants, qu’ils sont tout, et nous autres ignorants rien qui vaille. Vous décrétez que la démocratie ne peut rien pour le progrès et qu’elle doit le subir, sauf à être exterminée par lui, si, ne le comprenant pas, elle y fait obstacle. Vous admettez qu’elle ne peut le comprendre que par ses résultats. Donc, si elle combat des expériences et en trouble l’application, qu’elle soit anéantie par ces engins, qui, en dehors des mains savantes, seront des ustensiles de nulle efficacité. » Ce serait donc la fin de la race humaine, car, d’après votre raisonnement, il n’y aura jamais qu’un petit nombre d’hommes éclairés, et les masses, les nations entières accepteront bien moins les décrets de l’incompréhensible dans l’ordre positif que dans l’ordre merveilleux. Il faudra des centaines, peut-être des mil-