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— Non, je suis son frère.

— Pourquoi n’est-il pas venu ?

— Citoyens ; accordez-moi la parole.

— Parle.

Il parle avec feu, avec simplicité, avec esprit. Il sait fort bien l’énergie du langage populaire et ne répugne pas à s’en servir. Il plaide l’inoffensivité du pauvre infirme et demande qu’on lui délivre un sauf-conduit pour l’emmener à la campagne. Il parle si bien qu’on lui répond :

— Tu es un bon b… Tu auras ton sauf-conduit !

Il tend déjà la main pour le recevoir, mais tous ne l’ont point signé. Il y a quelque hésitation.

— Il nous faut en délibérer. Va-t’en et reviens dans une demi-heure.

On le pousse dans la rue. Il avise devant lui un café, il y entre : il attend, il compte les minutes, puis il se présente de nouveau à la porte.

— On ne passe pas, lui disent les hommes de faction.

— Pardon, ils m’ont dit de revenir au bout d’une demi-heure.

— Ils nous ont dit que, quand tu reviendrais, il fallait te renvoyer, tu ne passeras pas !