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Tartas. Il eut affaire au plus humain des quatre, à Cavaignac, qui lui répondit :

— Dans peu de jours, nous serons chez vous avec la guillotine ; votre curé est le premier sur nos listes : il a refusé le serment, c’est un aristocrate, un fils de prince. Puisque c’est un digne homme, dites-lui de partir au plus vite, car il me serait absolument impossible de le sauver.

Quand Dumont revint avertir l’abbé, celui-ci avait prêté serment et il partait pour Paris.

La diligence marchait à grand’peine. L’abbé, qui avait su organiser si bien les secours que la misère n’était pas entrée dans sa paroisse, vit sur sa route des paysans manger de l’herbe et ne fit autre chose que donner l’aumône tout le long du voyage.

Il trouva son frère dans son hôtel, mangeant dans sa vaisselle plate fleurdelisée, servi par ses laquais en livrée, c’est-à-dire n’ayant, malgré sa frayeur, rien prévu, rien préparé pour se soustraire au péril. Le Bas était mort, mais Cerson était toujours là, et l’abbé frémit d’arriver trop tard. Il commença par jeter aux commodités toutes les pièces d’argenterie armoriées ; puis, sachant bien qu’il ne maintiendrait l’ennemi