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parole, on lui donna la ville pour prison. Puis Dumont, un homme du peuple, élu maire de Tartas, partit pour Mont-de-Marsan et plaida avec tant de chaleur pour l’abbé, racontant tout le bien qu’il avait fait, qu’on relâcha le prévenu et que Dumont le ramena à sa paroisse. Ils furent reçus avec enthousiasme, et M. de Beaumont a mis ce jour au nombre des plus beaux de sa vie.

Mais le temps des grandes rigueurs révolutionnaires arrivait. M. La Neuville, évêque de Dax, lui écrit : « Mon ami, le temps n’est plus seulement à l’orage. Le tonnerre tombe sur toute la France. Nous n’avons que le temps de fuir. J’ai, en Espagne, des amis qui m’attendent. Vous venez avec moi. Préparez-vous, il n’y a pas un moment à perdre. »

L’abbé fait ses apprêts de départ, dit adieu à ses amis qui le pleurent, mais qui le pressent de fuir les dangers, car il s’agissait de prêter le serment à la Constitution, et l’abbé n’y voulait pas entendre. L’exigence de ce serment était arbitraire, la résistance n’était pourtant pas de devoir religieux, car le serment ne portail aucune atteinte à la croyance personnelle, mais il bles-