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COSIMA.

Moi, mon ami… Je vous conjure de ne point sortir. Dans ces jours de tumulte, il arrive mille accidents. Non, vous ne me causerez pas cette inquiétude.

ALVISE.

C’est la première fois que je vous vois prendre tant de souci à propos de rien.

COSIMA.

C’est la première fois que je vous vois courir avec tant d’empressement à une fête.

ALVISE.

Il ne s’agit pas de fête ici, Cosima ; des affaires sérieuses me réclament.

COSIMA.

Toutes les affaires sont suspendues aujourd’hui.

ALVISE.

Qu’en savez-vous ? Laissez-moi, vous dis-je.

COSIMA.

Eh bien, emmenez-moi avec vous.

ALVISE.

Je vous ai déjà dit que cela ne se peut pas.

COSIMA.

Vous ne m’avez jamais rien refusé, Alvise… J’irai avec vous.

ALVISE, s’arrêtant et la regardant fixement.

Oh ! voici qui est étrange, madame !…

LE CHANOINE, qui les a observés.

Mes enfants, il se passe entre vous quelque chose d’étrange, en effet ! J’en veux savoir la cause, (Il se place entre eux, et leur prend la main à l’un et à l’autre.) Alvise, Cosima, vous n’eûtes jamais de secrets pour moi ; vous me devez la confidence de vos peines secrètes. Allons, mes enfants, ouvrez-moi votre cœur ; je sais combien vous vous aimez, combien vous vous respectez mutuellement ; et, lorsqu’un nuage obscurcit la pais de votre union, c’est à moi de le dissiper…