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haïssent si nous ne leur cédons pas ! Il n’y a pas longtemps que je sais que de tels hommes existent !

LE DUC, avec gravité.

J’ai rencontré de ces hommes-là, et je les méprise ! Je les ai toujours traités avec rigueur. Si je croyais en avoir un seul auprès de moi…

COSIMA.

Eh bien, monseigneur, que feriez-vous ?

LE DUC.

Je lui retirerais mon estime et je l’éloignerais de ma personne.

COSIMA.

Et si un tel homme, forcé d’accepter le défi d’un époux généreux qui veut sauver et non punir sa femme ; si cet homme, brave sans doute, et faisant parade en public de la plus exquise loyauté, venait dire à la femme consternée, lorsqu’à genoux et toute en larmes, elle le supplie, lui, exercé aux nobles arts de la guerre, d’éviter une rencontre avec ce mari voué aux travaux paisibles, et qui de sa vie n’a manié une épée… Ma bouche se refuse à répéter ce qu’il est venu lui dire !

LE DUC, la relevant.

Dites-le, madame, je veux savoir la vérité.

COSIMA.

Eh bien, s’il avait voulu vendre à cette femme la vie de son mari au prix de son honneur, à elle ; s’il lui avait dit : « Ce que mes prières n’ont pas obtenu, il faut que vous l’accordiez à mes menaces ; soyez à moi, ou je tue votre ami, votre protecteur, votre époux… »

LE DUC, se levant.

Ce serait le fait d’un infâme et d’un lâche.

COSIMA, se levant aussi.

Et que feriez-vous de lui, monseigneur ?

LE DUC.

Si j’étais son souverain, j’appellerais sur sa tête la sévérité