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beauté échevelée ? Ce n’est pas vous que je comptais trouver ici, madame ; je ne vous connais pas.

COSIMA.

Ni moi non plus ! je ne vous connais pas… Ne me retenez pas… Je veux fuir cette maison !… (Regardant le duc, qui la retient en souriant.) Ah ! si ! si !… je vous connais… je vous ai vu déjà !… (Passant la main sur son front et s’écriant.) Ah ! monseigneur le duc !

LE DUC.

Qui êtes-vous donc, madame ?

COSIMA, se met aux genoux du duc, qui veut en vain l’en empêcher.

Monseigneur, je m’appelle Cosima Valentini, et je suis la femme d’Alvise Petruccio, un des plus estimables bourgeois de la ville de Florence.

LE DUC.

Je connais votre mari, c’est un digne citoyen. Relevez-vous, madame !

COSIMA.

Non, monseigneur ! je ne me relèverai pas que vous ne m’ayez promis assistance et protection. Vous êtes le maître ici, et vous aimez la justice ; vous me protégerez, n’est-ce pas, monseigneur ?

LE DUC.

Mais contre qui donc, madame ?

COSIMA.

Contre un homme qui m’outrage.

LE DUC.

Est-il un homme capable d’outrager une femme telle que vous ?

COSIMA.

Vous savez bien, monseigneur, qu’il est des hommes qui nous implorent sans nous aimer, des hommes qui ne voient en nous, si nous sommes belles, que le plaisir de nous égarer, et, si nous sommes sages, que la gloire de nous vaincre ; des hommes qui nous méprisent si nous leur cédons, et qui nous