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LE CHANOINE.

Je n’en doute pas non plus. Mais le cas n’en est pas moins grave, car les lois poursuivent le duel avec autant de sévérité que l’assassinat.

COSIMA, d’un air sombre et faisant un effort pour parler.

Et les lois ont raison peut-être ! mais parce que cet homme a été tué, il n’en résulte pas que mon mari soit coupable.

LE CHANOINE.

Il est vrai, ma fille… Mais une lettre de menaces trouvée sur le cadavre, et où vous êtes désignée assez clairement pour qu’on ne puisse se méprendre…

NÉRI, précipitamment.

Une lettre de menaces ! Ce n’est point Alvise qui l’a écrite, c’est moi !…

COSIMA.

C’est vous !… et de quelle part ?…

NÉRI.

Ce n’est point de la part d’Alvise, j’en ferai le serment devant les juges.

COSIMA, d’un ton accablant.

Mais de quel droit ?

NÉRI.

Cet homme vous compromettait !

COSIMA.

C’est faux ! Il avait cessé ses poursuites.

NÉRI.

Il les avait redoublées. Le mystère qu’il affectait les rendait plus perfides encore, et votre réputation en souffrait davantage. Votre mari ne songeait pas à les réprimer… Je ne pouvais l’y faire songer sans lui inspirer des soupçons…

COSIMA, avec hauteur.

Vous n’eussiez pas réussi, monsieur.

NÉRI.

Accablez-moi de votre haine,… mais qu’Alvise soit disculpé.