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notre ville, il n’avait pas fait arrêter vingt fois ce mauvais garnement.

COSIMA.

Et… que répondait mon mari ?

PASCALINA.

Ah ! il priait ces messieurs de se mêler de leurs affaires et non des siennes.

COSIMA.

Alvise avait raison. — D’ailleurs, cet homme ne s’occupe plus de moi.

PASCALINA.

Il s’occupe de vous plus que jamais, signora ! Seulement, il s’y prend d’une autre façon, pour voir si, en faisant le désolé, il réussira mieux. Moi qui fais sentinelle à ma croisée, je le vois souvent, au clair de la lune, sous votre jalousie, soupirer et gesticuler comme un homme en démence, et le fait est que, dans son quartier, il passe pour être devenu fou.

COSIMA, émue.

Quelle plaisanterie !

PASCALINA.

Si c’en est une, il joue bien sa partie. On ne le voit plus sortir que de nuit. Il ne parle plus à personne, même à son hôtesse ; et son page, qui seul a accès auprès de lui, dit qu’il ne boit ni ne mange, que le chagrin le consume, et qu’il est devenu si maigre, que, si on le voyait au grand jour, on ne le reconnaîtrait pas.

COSIMA.

A-t-on rapporté ces sottises à mon mari ?

PASCALINA.

Oui ; mais il n’a fait qu’en rire.

COSIMA.

Je le crois bien !

PASCALINA.

Et pourtant il a ajouté : « Qu’il fasse Roland l’amoureux tant qu’il lui plaira ; mais qu’il n’essaye pas de faire le Médor ;