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COSIMA.

De quoi parlez-vous donc ? Je suis seule ici à vous attendre, depuis une heure, depuis un siècle !… Allons ! c’est une négligence inouïe !… Rentrons !…

Elle l’entraîne hors de l’église.




Scène IV


ORDONIO, puis TOSINO.



ORDONIO.

Il paraît qu’on ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive, puisqu’on ne trahit pas mon crime. Femme, femme ! tu es à moi !… (Tosino rentre par la porte de droite.) C’est beaucoup trop tôt ! Tu as dû jouer pitoyablement ton rôle, puisque te voilà déjà revenu.

TOSINO.

Vous ne m’aviez pas dit que l’écuyer de votre belle en était éperdûment amoureux. Je comptais sur un religieux silence de sa part, et je marchais d’un air recueilli, lui faisant signe de ne pas interrompre mes pieuses méditations ; mais, à peine étions-nous sous le porche, qu’il s’est mis à me faire questions sur questions. « Oh ! Cosima, que vous êtes triste aujourd’hui ! Eh bien, madame, vous ne me parlez donc pas ? Hélas !… ô ciel !… » Que sais-je ? Quand j’ai vu qu’il fallait répondre ou courir, j’ai pris ce dernier parti comme le plus sûr. J’espérais qu’il allait me suivre, et je l’aurais mené jusque dans l’Arno ; mais, soit qu’il ait la vue basse, soit qu’au contraire la lueur de la première lanterne m’ait fait paraître un peu trop grand pour une femme, il est revenu sur ses pas, et, moi, le voyant rentrer dans l’église, je n’ai eu que le temps d’en faire le tour pour vous avertir.

ORDONIO.

Quoi ! cet innocent est amoureux d’elle ?… Je suis bien aise de l’apprendre… Et, dis-moi, semblait-il habitué à être écouté ?