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exiger de moi un tel serment… C’est ainsi que nous nous sommes quittés, et aussitôt je suis accourue vers vous, mon père, afin de vous raconter tout ce qui s’est passé.

LE CHANOINE.

N’as-tu rien de plus à me confier, mon enfant ?

COSIMA.

Rien, mon oncle.

LE CHANOINE.

Et pourtant, tu as commencé par t’accuser presque d’un crime.

COSIMA.

Je me sens coupable. Il me semble que je n’oserai plus regarder mon mari en face.

LE CHANOINE.

Mais… qu’as-tu donc aujourd’hui, ma chère Cosima ? j’ai peine à te comprendre.

COSIMA.

J’ai juré sur l’Évangile, sur ce qu’il y a de plus sacré.

LE CHANOINE.

C’est peut-être une imprudence de la part de ton mari ;… mais enfin, puisque tu n’as fait qu’un serment loyal et volontaire…

COSIMA.

Eh bien, non ! Je n’ai cédé qu’à la crainte d’affliger Alvise ; mais il y avait au dedans de moi une voix qui me criait : « Tu mens, tu blasphèmes ! »

LE CHANOINE.

Cosima, serait-il vrai ? aurais-tu donné accès dans ton cœur à un sentiment coupable ? aimerais-tu ce Vénitien ? Hélas ! il n’est pas digne de toucher la main de ton mari !

COSIMA.

Oh ! ne me dites pas que je l’aime !

LE CHANOINE.

Dis-moi donc que tu ne l’aimes pas !

COSIMA.

Peut-on aimer ce que l’on méprise. Eh bien, je sens du