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l’opprobre pour le sauver. Pourquoi n’est-il pas rentré après son travail comme les autres soirs ? Il n’a pas voulu me voir ; il a voulu mourir sans me dire un mot, sans me pardonner, sans m’entendre !… Oh ! le quitter ainsi, le quitter pour toujours !… J’irai à ce palais, j’irai !… (Elle reste anéantie. La musique se fait entendre de nouveau dans l’éloignement.) Ah ! déjà ! voici l’heure fatale ! plus d’espoir !… Et si Ordonio ne venait pas ! s’il m’avait trompée !… s’il m’avait attirée dans un piège pour m’empêcher de troubler leur vengeance !… Et s’il revenait vers moi Couvert de son sang !… (La musique se fait entendre de nouveau dans l’éloignement.) Le bruit de cette fête est le glas de mon agonie. Ah ! princes, on dit que vos réjouissances coûtent cher au peuple ; en voici une qui me coûte bien plus que la vie ! — Ordonio ne vient pas ! — Chaque minute est un siècle… Et si j’allais mourir auparavant !

Elle tombe sur ses genoux.




Scène V

ORDONIO, COSIMA.


COSIMA, se relève avec un cri d’horreur.

Déjà !…

ORDONIO.

Merci de l’accueil, gracieuse dame !

Il jette son épée sur une chaise.
COSIMA.

D’où venez-vous ? Où est Alvise ?

ORDONIO.

Alvise m’attend ; sans aucun doute, il est exact au rendez-vous, et maintenant il s’impatiente. Il ne faudra pas le faire attendre pour rien, madame. Si vous êtes toujours aussi dédaigneuse pour moi, je ne me soucie pas de passer ici pour un sot et là-bas pour un lâche. Décidez lequel de ces deux rôles je dois jouer ; mais ne comptez pas que je veuille les jouer tous deux en même temps.