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de venir au rendez-vous qu’il lui demandait. Y vient-elle de gré ou de force ? Ordonio, un lâche, un fat, un calomniateur ?… Ah ! les princes sont bien malheureux ! On porte devant eux le masque du caractère qu’ils aiment, et, quand ils ont le dos tourné, on le jette… Ordonio ! il m’en coûtera de ne plus croire en toi… et pourtant je tremble que tu ne m’aies dit la vérité !… Allons ! l’honneur avant tout !…




Scène II

ORDONIO, LE DUC.


ORDONIO.

Me voici aux ordres de Votre Altesse.

LE DUC.

Vous m’avez dit tout à l’heure, dans la salle du bal, lorsque je vous demandais où en étaient vos amours avec la femme d’Alvise Petruccio, que vous aviez cette nuit un rendez-vous avec elle.

ORDONIO, d’un air dégagé.

Cela est vrai, monseigneur. (Prenant un billet dans la poche de son pourpoint.) Ce simple billet en fait foi !

LE DUC, lisant.

« J’irai. » Le style est laconique !

ORDONIO.

C’est une réponse aussi brève et aussi claire que la demande.

LE DUC.

Et la demande devait sans doute être bien éloquente pour amener ce résultat. Pourriez-vous me redire ce qu’elle contenait ?

ORDONIO.

Ah ! monseigneur, je n’en ai pas gardé copie ; mais je puis aisément me la rappeler, car elle ne renfermait que ces deux mots : À minuit ou jamais.