Vous vous trompez, madame. Écoutez ! cette pendule avance d’une heure.
Eh bien !… (Elle revient sur le devant du théâtre, avale le poison précipitamment et s’élance vers Ordonio en s’écriant.) Partons maintenant !
Scène VI
Infâme ! c’est ta dernière heure qui sonne !
À l’instant même, Néri et les autres personnages se jettent entre eux. Le duc abaisse la pointe de l’épée d’Alvise avec la sienne.
Vous êtes bien hardis, messieurs, de tirer l’épée en ma présence ! Alvise, est-ce ainsi que vous reconnaissez ma protection et que vous respectez mon droit de grâce ?… Vous vouliez une satisfaction, il vous l’a donnée ; il voulait vous ôter l’honneur, c’est à vous maintenant de lui laisser la vie.
Monseigneur, si votre rang ne vous mettait à l’abri de tout ; si, oubliant que vous êtes prince, vous vouliez vous souvenir que vous êtes chevalier, vous me feriez raison de cette perfidie !
Rendez grâce à votre qualité d’étranger, qui vous met à l’abri de ma justice ; quant à vous rendre raison, vous ne méritez pas un tel honneur.