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Scène V

ORDONIO, puis COSIMA.


ORDONIO, monte par la fenêtre.

C’est bien ! Voici un plaisant tour, et dont le duc rira bien quand je le lui raconterai. Et ce bon Alvise, qui va m’attendre au bord de l’Arno ! Heureusement, il est homme à prendre patience une heure ou deux, lui qui a su jusqu’à aujourd’hui différer sa vengeance. Voyons ! ai-je bien lu ce billet tombé tout à l’heure à mes pieds ? (Tout en lisant.) Fuir avec elle… à l’instant même, quitter Florence pour toujours… Oh ! ce n’est pas ainsi que je l’entends, moi ! Je ne prétends pas quitter cette belle contrée et cette joyeuse cour sans avoir fait payer cher à messire Alvise ses étranges emportements à mon égard… Allons !… Mais est-ce bien ici ?… Ce billet était lancé de la fenêtre de sa chambre… Oui, oui, c’est bien ici. (Il approche de la porte de Cosima ; puis s’arrête, pour jeter un coup d’œil autour de lui.) Mais il y a quelques précautions à prendre. Le temps a des ailes. (Il avance l’aiguille de la pendule avec la pointe de son épée.) Je ne dois pas oublier qu’Alvise attend, et je ne veux pas qu’on me retienne ici plus qu’il ne faut. (Il ouvre la chambre de Cosima.) Vous êtes libre, belle captive, et votre libérateur se prosterne devant vous. Il met un genou en terre.

COSIMA.

Alvise est parti, n’est-ce pas ?

ORDONIO.

Il doit être déjà au rendez-vous. Mais, puisque vous voulez que votre esclave oublie à vos genoux les serments de l’honneur, il fera à l’amour le plus grand sacrifice qu’un homme puisse faire. Oh ! comprenez donc enfin combien je vous aime !

COSIMA.

Vous avez lu mon billet ? vous en acceptez les conditions ?

ORDONIO.

Ne suis-je pas ici ?