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avaient déménagé à temps ; mais l’enfant n’est-il pas malade par suite des privations ? Ah ! que d’innocents sont morts de misère et de maladie, sans compter les bombes ! cruelle, atroce chose que la guerre ! Harrisse m’a raconté votre dîner chez Magny, le jour où il a reçu ma lettre. Ce brave Magny, dis-lui mes amitiés, et à madame Lambquin, si bonne pour les blessés, et à Sarah[1] si dévouée. Je suis inquiète de Clerh, il était malade au commencement du siège. Et Raynard ? J’ai vu son nom dans les journaux ; mais depuis ? Et la pauvre Bondois ! Il faudrait savoir aussi si Martine a de quoi manger. J’espère qu’elle aura demandé à Boulet. Et Fréville ? peut-être mort de faim ! Que de malheureux sans ouvrage et sans ressources ! Enfin donne pour moi quelques secours à ceux qui sont trop fiers pour demander. Je me demande, moi, si toi-même tu n’es pas au dépourvu.

Prends, puise, tant qu’il y aura dans ma petite bourse. Ici, nous n’avons rien que des impôts à payer.

Vois Boutet, dis-lui que je les aime, que j’ai reçu leur lettre, donne-moi de leurs nouvelles. Fais dire à Cadol, rue de Laval, 16, que sa femme et son enfant vont bien ; que je leur ai cautionné un crédit à Bruxelles, chez un banquier. J’espère qu’au moment même où tu seras libre, tu arriveras chez nous.

  1. Sarah Bernhardt.