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depuis quelques jours, la lutte se soutient bien.

Cher ami, nous pensons bien à vous dans notre solitude. Nous ne savons pas comment et quand nous vous reverrons. On est prisonnier chez soi en France, tant les communications sont encombrées. Il y a certes, une grande activité, un grand mouvement pour la défense. Est-ce bien conduit ? nous ne savons pas.

Dites-moi, si autour de votre lac, à Aigle ou dans les vallées abritées qui y aboutissent, on trouverait à caser très modestement notre petite famille, pour des prix modérés. Dites qu’on vous informe de cela. Si nous trouvions une éclaircie, nous irions quelque part nous reposer de tant de soucis ; on nous dit que, partout, les fuyards ont encombré la Suisse ; est-ce vrai ? Nous serions heureux de vous voir, si nous devions sortir de France, et il le faudrait bien si nous étions condamnés à être Prussiens ou jésuites.

Ma belle-fille vous envoie ses affectueux souhaits et votre filleule vous embrasse ; elle est toujours sage et charmante, et ne vous oublie pas.

À vous toujours.
Votre vieille amie,
G. SAND.