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ne suis pas suspecte de cupidité ou de réaction. Je vous dis ce qui est vrai.

Ce qui est vrai aussi, c’est mon affection et mon dévouement pour vous.

GEORGE SAND.


DCCLXXIII

À M. EDMOND PLAUCHUT, À PARIS


Nohant, 29 décembre 1870.


J’essaye un nouveau moyen qu’on indique et que j’ignore. J’ai écrit hier pour qu’on te dise ce que je te confirme aujourd’hui. Ton frère est sain et sauf, mais prisonnier de guerre à Coblentz : sa fille me l’a écrit de Nantes ; c’est un bonheur quand on a craint davantage ! Nous nous portons tous bien, à Nohant encore ; l’invasion nous en chassera-t-elle ? La guerre est un va et vient sur la Loire ; on ne sait si c’est bon ou mauvais. On garde le secret des opérations et on fait bien ; mais être à vingt ou vingt-cinq lieues et ne rien savoir, c’est bien irritant, et il y a des jours où on perd l’espérance. Pourtant nous avons encore de belles chances et de beaux corps d’armée.

Le malheur est qu’il y ait eu si peu de temps pour faire des soldats de tant de jeunes gens qui ne comp-