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plus libre dans mon être que je ne l’ai peut-être jamais été. J’étais légèrement asthmatique : je ne le suis plus ; je monte des escaliers aussi lestement que mon chien.

Mais, une partie des fonctions de la vie étant presque absolument supprimées, je me demande où je vais, et s’il ne faut pas s’attendre à un départ subit, un de ces matins[1]. J’aimerais mieux le savoir tout de suite que d’en avoir la surprise. Je ne suis pas de ceux qui s’affectent de subir une grande loi et qui se révoltent contre les fins de la vie universelle ; mais je ferai, pour guérir, tout ce qui me sera prescrit, et, si j’avais un jour d’intervalle dans mes crises, j’irais à Paris, pour que vous m’aidiez à allonger ma tâche ; car je sens que je suis encore utile aux miens.

Maurice va mieux. Nous faisons tous des vœux pour votre malade, et nous croyons que vous le sauverez ; — et nous vous aimons.

G. SAND.


fin du tome sixième et dernier
  1. George Sand s’est alitée deux jours après cette lettre et est morte, après dix jours de souffrances, le 8 juin 1876.