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CMLV

À MADAME P***, À AUXERRE[1]


Nohant, 14 février 1876.


On me dit, madame, qu’une lettre de moi vous serait agréable et vous ferait quelque bien. Je le voudrais beaucoup, mais puis-je l’espérer ? Qu’est-ce qu’une personnalité étrangère peut apporter de clarté dans votre vie intime ?

N’importe ! je ne veux pas me refuser à un effort pour vous distraire un instant et pour vous dire au

  1. Au commencement de l’année 1876, M. Édouard Charton avait fait une visite à madame P*** qui, depuis la mort de son fils, restait insensible à tout ce que ses parents et ses amis tentaient pour atténuer sa douleur. En entrant chez elle, il fut frappé de voir qu’il n’y avait dans sa chambre qu’une seule estampe, le portrait gravé de George Sand, et sur sa table qu’un seul volume, le Marquis de Villemer. Dans le cours de la conversation, madame P*** dit qu’il lui était devenu presque impossible de lire des œuvres d’imagination, mais que quelques-unes de celles de madame Sand l’avaient intéressée et fortifiée : elle ajouta qu’elle aurait été heureuse d’entrevoir cet auteur d’un si grand génie et de posséder quelques lignes de son écriture. M. Édouard Charton, prenant confiance dans son amitié pour George Sand, osa la prier d’écrire quelques mots à madame P***, ce qu’il obtint immédiatement avec toute la bonne grâce possible.