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DCCLXII

À M. JULES BOUCOIRAN, À NÎMES


Boussac, 3 octobre 1870.


Cher ami,

Nous avons été obligés de fuir Nohant, ravagé par une épidémie de variole puerpérale. Nous sommes à Boussac, chez de bons amis. Mais le fléau se prolonge chez nous, les froids approchent ; je suis souffrante pour mon compte, et nous songeons à passer l’hiver dans un climat plus chaud ; car, dans tout notre centre, il n’y a pas une habitation confortable à louer. Dites-nous si, chez vous, il n’y a pas de petite vérole ou d’autre contagion sérieuse, et, dans quelques jours, nous prendrons la route de Nîmes. Nous descendrions à l’auberge et nous tâterions l’établissement à faire, soit dans la ville, soit à Montpellier, ou ailleurs. Vous nous donneriez conseils et renseignements. La tranquillité et la sécurité, nous ne les trouverons nulle part en France par le temps qui court ; mais, puisqu’un fléau particulier joint à tant d’autres nous exile, fuyons au moins la contagion brutale dont rien ne préserve et rapprochons-nous du soleil. Il est encore très chaud ici ; mais il gèle la nuit, et les habitations