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Merci pour les enfants et pour moi de votre bonne et constante amitié pour nous.

G. SAND.


CMXL

À GUSTAVE FLAUBERT, À CROISSET


Nohant, 7 septembre 1875.


Tu te désoles, tu te décourages, tu me désoles aussi. C’est égal, j’aime mieux que tu te plaignes que de te taire, cher ami, et je veux que tu ne cesses pas de m’écrire.

J’ai de gros chagrins aussi et souvent. Mes vieux amis meurent avant moi. Un des plus chers, celui qui avait élevé Maurice et que j’attendais pour m’aider à élever mes petites-filles, vient de mourir presque subitement. C’est une douleur profonde. La vie est une suite de coups dans le cœur. Mais le devoir est là : il faut marcher et faire sa tâche sans contrister ceux qui souffrent avec nous.

Je te demande absolument de vouloir et de ne pas être indifférent aux peines que nous partageons avec toi. Dis-nous que le calme s’est fait et que l’horizon s’est éclairci.

Nous t’aimons, triste ou gai.

Donne de tes nouvelles.