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sont agités. Le deuxième acte est gai. Il faut que le troisième soit attendrissant et non navrant. Pour que Bernard s’en aille en Amérique en fâchant Edmée, et pour qu’à son retour on puisse le croire capable d’un crime, il suffit bien de sa jalousie, qui le rend assez coupable, sans qu’elle doive le rendre haïssable. Ce tableau est à refaire, vous avez raison, et je vois ce qu’il y faut. Je me mettrai au travail dès que vous commencerez vos répétitions.

Cette pièce réussira certainement, surtout si elle est mieux jouée qu’elle ne l’a été dans le principe ; certains rôles étaient insuffisants. Préoccupez-vous donc de la distribution : Le rôle d’Edmée surtout a de l’importance. Il faut aussi qu’elle soit rageuse, comme l’est toute sa famille. — On vous a enlevé Sarah, c’est grand dommage ! — Regnier me recommande fort mademoiselle Léonide Leblanc ; mais elle me semble plus jeune femme que jeune fille. Je connais peu mademoiselle Hélène Petit ; elle est jolie, touchante, mais sa voix est bien faible. Avez-vous encore Antonine ? elle serait charmante, dans les parties de comédie surtout.

Le chevalier, bien qu’il n’en ait pas très long à dire, est le premier rôle après Bernard. Lacressonnière, avec ses grands airs aristocratiques, serait un superbe chevalier Hubert. À son défaut, je voudrais un comédien ne détaillant pas trop, jouant simplement, ni précieux ni plus fin qu’il ne faut, mais avec de la rondeur et de la spontanéité. On me parle d’une