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DCCCXCIII

À M. ALEXANDRE DUMAS FILS, À PARIS


Nohant, 10 avril 1873.


Cher fils, je me désintéresse de toutes les théories quand l’art me parle. Aucune théorie, d’ailleurs, ne me fâche, quand même elle ne me va pas. Il faut que tout soit discuté, la vérité n’est qu’à ce prix. Mais je le répète, l’art est au-dessus des discussions quand il se montre, et j’accepte tous ses points de vue, pourvu que le beau l’éclaire. La pièce est belle et très grande[1]. Tout ce qu’on a dit, tout ce qu’on dira maintenant pour ou contre, le but qu’on lui prête ou lui assigne, m’est absolument égal. Tout cela est à côté. Favre a très bien parlé autour du sujet. Il ne peut pas dire de bêtises et il ne peut que bien parler ; mais il aurait beau entourer l’œuvre d’une pluie d’étincelles, la seule chose qui prouve, c’est le foyer ; et, d’ailleurs, il ne prouvera rien à ceux qui ne peuvent rien sentir. Faites beau et ce qu’on n’accepte pas aujourd’hui, on l’acceptera demain.

Les deux premiers actes sont merveilleux. J’aime moins le troisième, non à cause du dénouement (le

  1. La Femme de Claude, pièce de Dumas fils, représentée au théâtre du Gymnase, le 16 janvier 1873.