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l’aime encore autant sans tête ; quel exemple de fidélité au malheur ! Son ventre est devenu un coffre où on met des joujoux.

Maurice est plongé dans des études archéologiques, Lina est toujours adorable, et tout va bien, sauf que les bonnes ne sont pas propres. Que de chemin ont encore à faire les êtres qui ne se peignent pas !

Je t’embrasse. Dis-moi où tu en es avec Aïssé, l’Odéon et tout ce tracas dont tu es chargé. Je t’aime ; c’est la conclusion à tous mes discours.


DCCCLXXIV

AU MÊME


Nohant, 26 octobre 1872.


Cher ami,

Voilà encore un chagrin pour toi ; un chagrin prévu mais toujours douloureux. Pauvre Théo ! je le plains profondément, non d’être mort, mais de n’avoir pas vécu depuis vingt ans ; et, s’il eût consenti à vivre, à exister, à agir, à oublier un peu sa personnalité intellectuelle pour conserver sa personne matérielle, il eût pu vivre longtemps encore et renouveler son fonds, dont il a trop fait un trésor stérile. On dit qu’il a beaucoup souffert de la misère pendant le siège, je le comprends, mais après ? pourquoi et comment ?