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Je compte aller à Paris cet automne. Au revoir donc, et à vous, moi et tous les miens, de tout cœur, aujourd’hui et toujours.


DCCCLXIV

À GUSTAVE FLAUBERT, À CROISSET


Nohant, 8 septembre 1872.


Comme de coutume, nos lettres se sont croisées ; tu dois recevoir aujourd’hui les portraits de mes fillettes, pas jolies en ce moment de leur croissance, mais si bien pourvues de beaux yeux, qu’elles ne pourront jamais être laides.

Tu vois que je suis écœurée comme toi et indignée, hélas ! sans pouvoir haïr ni le genre humain ni notre pauvre cher pays. Mais on sent trop l’impuissance où l’on est de lui remonter le cœur et l’esprit. On travaille quand même, ne fût-ce que pour faire, comme tu dis, des ronds de serviette, et, tout en servant le public, quant à moi, j’y pense le moins possible. Le Temps m’a rendu le service de me faire fouiller dans ma corbeille aux épluchures. J’y trouve les prophéties que la conscience de chacun de nous lui a inspirées, et ces petits retours sur le passé devraient nous donner courage ; mais il n’en est point ainsi. Les leçons de l’expérience ne servent que quand il est trop tard.