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sentir. Je réponds aux interprétations qu’on donne à Dumas, à vous par conséquent, et qui sont tellement excessives, qu’elles en deviennent révoltantes, et, sans indiquer ni les écrits ni les personnes, je dis les trois mots que je vous ai dits chez Magny, la dernière fois que nous avons dîné ensemble, et je m’y tiens jusqu’à nouvel ordre[1].

Cela ne m’empêche pas d’apprécier et d’admirer le génie d’investigation et les éclairs de vérité qui donnent à votre thèse tant d’éclat, de lumière et d’intérêt ; mais votre point de départ n’a pas, à mes yeux, l’importance et la solidité que vous y attribuez. Le Dieu qui parle, explique et décrète, c’est vous, mon ami, et j’aime mieux qu’il en soit ainsi pour bien des raisons. La première et la meilleure, c’est que vous êtes un être modifiable et progressif, tandis que le Dieu de la Genèse est un vieux obstiné. Ce n’est qu’un glorieux qui ne dit rien de tendre, et qui n’a pas la notion de ce que l’homme, et la femme par conséquent, peuvent devenir.

Je reviendrai sur la question quand j’aurai mieux lu votre œuvre ; mais je ne parlerai de vous qu’autorisée par vous ; car le silence d’Alexandre sur votre compte me trouble, et je me demande si c’est par excès de modestie ou de parti pris que vous lui transmettez la parole en votre lieu et place.

  1. Voici les paroles auxquelles George Sand fait allusion : « L’homme et la femme sont semblables ; ils ne différent que par l’éducation. »