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tuagénaire, je voudrais ne pas quitter la carrière où l’on risque de radoter en la poussant trop loin, avant de t’avoir vu reconquérir la place qui t’est due. Tu as encore vingt ans à être jeûne, à avoir de grands succès et à servir nos dieux. Je voudrais te donner un second succès comme celui de Villemer. Aurons-nous encore la bonne chance ? On ne le sait jamais. Faisons notre possible ! Nous causerons de ton rôle à Nohant, et tu me donneras peut-être de bonnes lumières sur le fond du caractère que j’ai conçu à nouveau. Moréali n’est plus le personnage du roman. Il n’est pas prêtre, il ne l’a jamais été, il a dû l’être. Il est resté prêtre de cœur et d’esprit, mais il aime d’amour mademoiselle La Quintinie, qui en aime un autre.

Bonsoir, mon enfant. Je t’embrasse.


DCCCLX

À M. EDMOND PLAUCHUT, À PARIS


Nohant, 26 août 1872.


Te voilà donc à Paris, mon gros requin ! nous voilà donc encore une fois séparés par des heures de chemin de fer ! Les petites demandent déjà quel jour tu reviendras. En attendant, nous avons fait arranger la cheminée de ta chambre. Ayant enfin mis la main sur un Piémontais qui paraît connaître son affaire et qui