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Rien ne réussit à qui ne s’aide pas avec énergie ; car, tu l’as vu, tu le sais maintenant, la société est un sauve qui peut, avec la consolante devise : chacun pour soi, et tant pis pour les indolents ou les distraits.

Maurice a dû t’écrire. En tout cas, je te remercie d’avoir tant couru pour sa mappemonde.

Nous ne sortons pas, nous avons eu de gros orages. Dimanche, la jeunesse a été forcée de coucher ; le ciel n’était qu’UN FEU et l’eau tombait a torrents. Le tonnerre a labouré un de nos peupliers dans le pré du jardin. La détonation a été jolie. Antoine en a sauté comme une carpe sur sa chaise. Les fillettes dormaient si bien, qu’elles ne se sont pas réveillées. Hier, ce tapage et ce déluge ont recommencé dans la nuit. Ça me rend un peu malade et j’en veux à dame nature, dont j’aime tant les grâces et les colères, de me fatiguer le corps, quand mon instinct est de l’admirer jusque dans ses drames.

Je travaille quand même huit heures par jour. Travaille au moins quatre avec grande attention et tu arriveras.

Je te bige mille fois. Ta tante,
G. SAND.