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avec les éléments les plus simples, les situations les plus connues, les plus usées, et vous avez fait avec cela une chose tout à fait neuve. Le dénouement est ingénieux et je n’y trouve rien à redire. Qu’est-ce qu’une balle allant à son adresse eût prouvé ? Qu’ils sont bêtes, ces Parisiens des premières représentations ! Ils veulent faire les pièces eux-mêmes. Ce serait du propre !

Le dialogue est un chef-d’œuvre ; la scène de femmes du monde a été très blâmée : je ne cherche pas si elle prouve ceci ou cela ; elle vient là à point, comme le chœur antique pour dire : Malheur ! Malheur ! et, sous une forme légère, elle enfonce le poignard. Elle est navrante en plaisantant. Je ne la sépare pas de l’action, elle la dramatise, l’explique et l’accuse.

On avait dit que vous refaisiez le dénouement après la première représentation, les journaux avaient même annoncé relâche. J’étais désolée, indignée contre Montigny, que je voyais, là, servile comme de coutume devant son public. Je me demandais si, à présent, on allait laisser les journalistes refaire les pièces et je ne pouvais croire que vous subiriez ce mandat impératif digne des communeux. Dieu merci, non, c’est au public de vous suivre et non à vous de lui céder.

Sur ce, votre maman, bien contente, vous embrasse de tout son cœur.

G. SAND.


Maurice et Lina trouvent la pièce trop triste ; ce n’est pas une critique, car ils conviennent que, quand