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Tendresses de nous tous. Est-ce à présent qu’il faut donner autre chose que du linge aux blessés ? n’est-ce pas volé par les administrations ? Je veux que cela aille aux ambulances ; dites-moi comment.


DCCXLVII

À SON ALTESSE LE PRINCE NAPOLÉON (JÉRÔME),
AU CAMP DE CHÂLONS


Nohant, 18 août 1870.


Mon ami,

Maurice voulait ce soir aller vous trouver. Il est dans une agitation extrême, comme nous tous. Si vous étiez à Paris, il y courrait ; je le retiens, en lui disant que, là où vous êtes, il ne ferait que vous gêner ; peut-être vous attrister au milieu de vos préoccupations. Mais ce qu’il trouvait urgent de vous dire, je peux bien vous l’écrire. Ce sera même plus tôt fait. Je crois que c’est inutile, que vous le savez mieux que nous ; mais le devoir des vrais amis est de dire quand même.

Quel que soit le sort de nos armes, et j’espère qu’elles triompheront, l’Empire est fini, à moins de se maintenir par la violence, s’il le peut. Je m’abstiens ici de toute opinion, de toute réflexion ; je vous dis le fait comme je le vois. Désaffection complète, fureur et désespoir de ceux qui ont voté le plébiscite. Ceux