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humeur, cela était visible ; mais, enfin, ne pouvant en faire, il leur fallait bien les laisser faire à quelqu’un.

Cette position n’est plus tenable pour moi, et je vous demande si nous ne pourrions pas faire une Revue s’adressant à une couche de lecteurs plus jeunes, plus vivants, plus en harmonie avec le mouvement actuel que cette vieille Revue dont l’horizon ne s’élargira jamais et qui vit, d’ailleurs, riche et tranquille, avec son vieil auditoire et sa politique de 1835. Elle est solide, il n’est pas question de l’ébranler dans son essence. Ce n’est pas pour lui faire la guerre que je vous sollicite, c’est pour qu’un groupe d’écrivains qui a sa valeur puisse vivre et respirer en dehors d’elle.

Il n’y a pas que le livre pour donner issue à notre action. Il y a la communication nécessaire avec un premier choix de lecteurs qui n’est pas toujours une élite, tant s’en faut, mais qui a plus de loisirs, de réflexion et de discussion à son service que le passant et le voyageur en chemin de fer. Vous seul, comme talent, comme sens philosophique vivant et pratique, comme esprit de conduite et appréciation des voies et moyens, pourriez fonder une Revue qui aurait chance de vivre, en admettant la diversité des aptitudes, l’originalité des esprits, leur liberté d’expansion, tout ce que la Revue des Deux Mondes leur contestait et ne va plus leur accorder du tout, si Buloz est hors de cause.

Il me semble que cette création est précisément ce