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DCCCXIII

À M. EDMOND PLAUCHUT, À PARIS


Nohant, 16 juin 1871.


Mon bon Plauchemar, te voilà donc redevenu Parisien dans un autre Paris, aussi triste qu’il a été gai jadis ! Il me semble que ce Paris d’autrefois est mort et j’aurais peur de voir à présent son cadavre.

Trop de passion, trop de légèreté, trop de crédulité et de scepticisme, trop de contraires enfin dans cette agglomération cosmopolite, cela devait finir par une explosion ou une anémie. — Ne me justifie pas quand on m’accuse de n’être pas assez républicaine ; au contraire ! dis-leur que je ne le suis pas à leur manière. Ils ont perdu et ils perdront toujours la République, absolument comme les prêtres ont perdu le christianisme. Ils sont orgueilleux, étroits, pédants, et ne se doutent jamais de ce qu’ils peuvent ou ne peuvent pas. Je trouve que Trochu leur passe sur la tête et vaut mieux qu’eux tous. J’avais deviné tout ce qu’il révèle, rien qu’aux accusations dont il était l’objet et j’avais très bien jugé Gambetta. L’histoire des faits est là maintenant pour le dire. Qu’est-ce que cela me fait que mon jugement déplaise à la petite église qui le juge comme moi, mais qui s’est donné le mot d’ordre