Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 6.djvu/135

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


DCCCXII

À SON ALTESSE LE PRINCE NAPOLÉON (JÉRÔME),
À PRANGINS


Nohant, 14 juin 1871.


Mon ami,

J’ai bien reçu votre lettre à Jules Favre. Après les épouvantables conséquences de l’Empire, de la guerre et de la Commune, qui se tiennent indissolublement, l’événement vous donne raison historiquement. Certes la République a fait une aussi grande faute que de déclarer la guerre à la Prusse, en ne faisant pas la paix à temps.

Je crois que Jules Favre le sait bien. Sa soumission au peuple de Paris est un malheur irréparable ; mais, à ce moment-là, il était inévitable, et je ne crois pas que l’Empire soit fondé à le lui reprocher, puisque c’est l’Empire qui avait chauffé l’esprit belligérant à blanc, à Paris surtout, et sans consulter la province, la France ; car, s’il se disait autorisé à la guerre par le résultat du plébiscite, il mentirait à la France et à lui-même. Ce plébiscite était un piège atroce, et le paysan qui l’a signé a cru signer la paix et la sécurité. Ce n’est donc pas le moment de faire le procès à la République quand on s’appelle Bonaparte. Le procès est bien plaidé, avec le talent que vous avez et que