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ciliant ; il en donne la teneur : ce n’est pas un idéal, mais c’est peut-être le possible. Thiers a-t-il réussi à donner de la confiance à cette Assemblée et à la rendre moins réactionnaire ? Ses décisions vont dépendre du sort de Paris, qui déserte en masse (les classes aisées de toutes les opinions). Si les insurgés transigeaient, l’Assemblée transigerait aussi. Mais, s’il y a résistance, barricades, embrasement de Paris, les Prussiens couperont court au différend et la monarchie sortira de nos ruines.

Plauchut est ici, avec les Lambert. Il m’a remis les mille francs. Nous nous portons tous bien ; mais quelles anxiétés ! quelles tristesses !

Vous devez avoir à votre mairie les dépêches que Thiers envoie tous les jours aux préfets et que les maires doivent afficher ou communiquer. Les journaux que nous recevons de Versailles en sont la confirmation. De Paris, on ne reçoit plus rien. Les insurgés n’ont pu organiser la poste ; d’ailleurs, elle est au caprice du premier venu. On ouvre, on ferme les communications ; ce sont les Prussiens qui les maintiennent pour l’Est.

Encore quelques jours et le drame sera dénoué ; espérons que la République n’y sombrera pas. Les insurgés diront qu’elle est finie, puisqu’ils ont plus d’aversion pour leurs modérés que pour les Prussiens et les cléricaux. Ceux-là, on ne les contentera jamais : il n’y en a que pour eux. Ils nous tuent. Mais la France leur résiste, ils ont échoué dans toutes les villes.