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ces choses et que je connais parbleu bien, puisque c’était un ami de mon ami Apulée, m’explique que ce devait être comme ça. Alors j’y crois, et, du moment que j’y crois un peu, ça m’amuse. »

Voilà mes raisons, toutes de fait et prosaïques ; mais il faut tenir compte de cela quand on s’adresse au public des romans. Autrement, il faut faire des ouvrages d’érudition pure ; autre public.

Réfléchis et décide ; car bien certainement il y a un parti à prendre dans lequel tu sais mieux que moi ce qu’il y a à faire. Mais, avec ma version, je vois tout possible dans ce que tu as fait, sauf les longueurs et le trop d’importance donné à des personnages secondaires. Je laisserais les anoplothères, sans les nommer peut-être, mais en les décrivant, et le narrateur dirait qu’il croit à l’existence de ces animaux parce qu’il en a vu des ossements en tel ou tel endroit. « Reste à savoir, dirait-il, s’il y en avait encore du temps de Satouran. Je vous donne la légende comme on me l’a donnée. »

Tu ferais ce narrateur gai, malin et naïf, poète quand même, lorsqu’il raconte les grandes scènes de la fin, qui sont belles et qu’il ne faut pas changer. Sur ce, je te bige, et encore ma Cocote. Je vas me coucher.

Mes amitiés à Rigolo. Il faut le rendre très savant, il est en âge d’apprendre un tas de choses. Quoi qu’on en dise, il n’y a rien de si intelligent qu’un âne. Ça parlerait si ça voulait, mais ça ne veut pas.