Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 5.djvu/91

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voir l’esprit du passé souffler sur toutes les idées vraies.

Quelle triste situation que celle d’un homme qui rêve le pouvoir absolu, et qui croit l’atteindre en étouffant la vérité ! tout cela, voyez-vous, c’est la faute à César. On rêve de résumer en soi une sagesse providentielle, et on oublie que les hommes d’aujourd’hui ont tous reçu de la Providence, c’est-à-dire de la loi qui préside à leur émancipation, une dose de sagesse qu’il faut connaître et consulter avant d’oser dire : « Il n’y a qu’un maître et c’est moi ! » Comme c’est vieux, cette doctrine de l’autorité d’un seul, et comme c’est vide au temps où nous vivons ! comme le genre humain tout entier proteste, sciemment ou non, contre cette chimère ! C’est le fatal chemin de l’éternel désastre.

Dormez tranquille, votre conscience est en paix. Vous pouvez rire de ceux qui disent : « Il veut le bien, donc il a de mauvais desseins. »

Plaignez ceux qui pensent ainsi et comptez que la France n’est pas avec eux et vous rend justice. Quel beau et noble talent vous avez ! On ne pourra jamais vous empêcher d’être ce que vous êtes. Il n’est pas adroit, si l’on s’en inquiète, de le manifester publiquement.

G. SAND.