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DCCXXXVI

À M. LE DOCTEUR HENRI FAVRE, À PARIS


Nohant, 3 juillet 1870.


Cher ami,

Je suis bien contente que l’occasion nous apporte votre souvenir. Je n’ai pas besoin de vous dire que je trouve de mauvais goût l’interprétation donnée aux intentions d’un romancier. S’il a besoin de ce genre d’intentions pour composer un personnage, c’est un pauvre artiste. Je ne prétends pas être une bien riche imagination. J’en ai pourtant assez pour me passer de modèles posant devant moi, et, comme celui qu’on prétend reconnaître ne m’a jamais fait cet honneur-là, je n’ai pu, en aucune façon, le copier et le présenter au public comme un portrait d’après nature.

Tous vos malades sont des gens brillants de santé. Maurice engraisse visiblement, il prétend que vous l’avez trop guéri. Mais il mène une vie de cultivateur et de géologue si active, qu’il se défendra de l’alourdissement. On parle de vous sans cesse, et, si les oreilles ne vous tintent pas, c’est qu’il y a trop de gens partout qui vous louent et vous remercient.

G. SAND.