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Une autre vieillesse qui se fait pire, puisqu’elle se fait méchante, c’est celle de madame Colet. Je croyais que toute sa haine était contre moi, et cela me semblait un coin de folie ; car jamais je n’ai rien fait, rien dit contre elle, même après ce pot de chambre de bouquin où elle a excrété toute sa fureur sans cause. Qu’a-t-elle contre toi, à présent que la passion est à l’état de légende ? Estrange ! estrange ! Et, à propos de Bouilhet, elle le haïssait donc, lui aussi, ce pauvre poète ? C’est une folle.

Tu penses bien que je n’ai pu écrire une panse d’a, depuis ces douze jours. Je vais, j’espère, me remettre à la besogne dès que j’aurai fini mon roman, qui est resté une patte en l’air aux dernières pages. Il va commencer à paraître et il n’est pas fini d’écrire. Je veille pourtant toutes les nuits jusqu’au jour ; mais je n’ai pas eu l’esprit assez tranquille pour me distraire de mon malade.

Bonsoir, cher bon ami de mon cœur.

Mon Dieu ! ne travaille et ne veille pas trop, puisque, toi aussi, tu as des maux de gorge. C’est un mal cruel et perfide. Nous t’aimons et nous t’embrassons tous. Aurore est charmante ; elle apprend tout ce qu’on veut, on ne sait comment, sans avoir l’air de s’en apercevoir elle-même.