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J’irai à Paris, dans le courant de l’hiver, janvier ou février. Si vous ne pouvez m’attendre, consultez sur les quarante premières années de ma vie, l’Histoire de ma vie. Lévy vous portera les volumes à votre première réquisition.

Cette histoire est vraie. Beaucoup de détails à passer ; mais, en feuilletant, vous aurez exacts tous les faits de ma vie.

Pour les vingt-cinq dernières années, il n’y a plus rien d’intéressant ; c’est la vieillesse très calme et très heureuse en famille, traversée par des chagrins tout personnels, les morts, les défections, et puis l’état général où nous avons souffert, vous et moi, des mêmes choses. — Je répondrai, à toutes les questions qu’il vous conviendrait de me faire, si nous causions, et ce serait mieux.

J’ai perdu deux petits-enfants bien-aimés, la fille de ma fille et le fils de Maurice. J’ai encore deux petites charmantes de son heureux mariage. Ma belle-fille m’est presque aussi chère que lui. Je leur ai donné la gouverne du ménage et de toute chose. Mon temps se passe à amuser les enfants, à faire un peu de botanique en été, de grandes promenades (je suis encore un piéton distingué), et des romans, quand je peux trouver deux heures dans la journée et deux heures le soir.

J’écris facilement et avec plaisir ; c’est ma récréation ; car la correspondance est énorme, et c’est là le travail. Vous savez cela. Si on n’avait à écrire qu’à ses