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DCLXVII

À MADAME JULIETTE LAMBER, À BRUYÈRES
(GOLFE JOUAN)


Nohant, 23 mars 1868.


Chère enfant,

Vous voulez devenir calme ; si cela était possible, je vous dirais : « Vite, vite, pour votre santé, pour votre sommeil et pour votre bonheur par conséquent ; car la souffrance continuelle n’arrive à être combattue que par l’amusement et ne peut arriver au bien-être de l’âme. » Mais le peut-on, même en le voulant bien ? Je sais que, pour moi, je l’ai beaucoup voulu ; mais n’est-ce pas la vieillesse qui a fait le miracle ? Je crois bien que oui.

Ce remède-là vous viendra, c’est un grand détachement des petites choses qui prend à son heure, quand on se laisse faire sans dépit et sans regret. Il n’y a pas grand mérite, ce n’est qu’une affaire de bon sens. Faut-il que la jeunesse devance l’œuvre du temps ? Non ; son charme est l’impressionnabilité. Restez comme vous êtes, en vous modifiant seulement un peu, pour que ce qui est de votre âge ne soit pas excessif, par conséquent douloureux. Vous êtes exaltée et passionnée ; c’est bien beau et bien bon ; on vous aime à