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DXCIX

À MAURICE SAND, À NOHANT


Paris, 1er février 1866.

Me voilà recasée aux Feuillantines. J’ai fait un très bon voyage : un lever de soleil fantastique, admirable, sur la vallée Noire : tous les ors pâles, froids, chauds, rouges, verts, soufre, pourpre, violets, bleus, de la palette du grand artisan qui a fait la lumière ; tout le ciel, du zénith à l’horizon, était ruisselant de feu et de couleur ; la campagne charmante, des ajoncs en fleurs autour de flaques d’eau rosée.

Il faisait si doux, même à sept heures du matin, que j’ai voyagé avec les vitres baissées. La route est très dure ; mais on y promène de grands rouleaux de fonte et elle sera bientôt belle ; j’avais un bon postillon et de bons chevaux.

À Châteauroux, surprise agréable : mes vieux Vergne, qui partaient pour Paris et avec qui j’ai eu le plaisir de voyager.

À la gare, ici, j’ai trouvé les Boutet ; j’ai dîné avec les Africains. J’ai vu le soir les Lambert et Marchal ; j’ai bien dormi, je n’ai pas eu la moindre fatigue.

Il vient de m’arriver une dépêche télégraphique. Ça m’a fait une peur atroce : j’ai cru que Lina était re-