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peine prise en pure perte, et à ce qu’on appelle le travail perdu. Il n’y a pas de travail perdu, du moment qu’on a eu le plaisir de travailler. D’ailleurs, ça apprend, et la vie se passe à apprendre ; ceux qui la passent à regretter ne vivent pas. Je vous bénis de prendre intérêt à ma vie, et aucune vérité ne me dégoûte du travail. Ce qui dégoûte ou peut dégoûter du métier, ce sont les injustices du public ou la mauvaise foi des critiques ; mais ce qui porte sur nous-même, les erreurs qu’on nous fait voir, le mal qu’on nous indique à réparer, c’est bien bon et bien stimulant.


DXCVIII

À SON ALTESSE LE PRINCE NAPOLÉON (JÉRÔME),
À PARIS


Nohant, 20 janvier 1866.


Cher prince,

Je veux vous donner moi-même de nos nouvelles. J’ai toujours été, depuis dix jours, sage-femme ou nourrice, berceuse ou garde-malade, et je n’ai pas eu un moment de repos. Ma belle-fille, après une délivrance prompte et heureuse, a été assez sérieusement malade à plusieurs reprises. Elle va mieux sans être guérie, et, comme cela peut se prolonger et la fati-