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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

sentirait-il à lire ? Je le lui demanderai ; il me semble qu’il doit bien lire, mais je n’en sais rien.

Ne vous attendez pas à un rôle brillant, ma mignonne. C’est bon et tendre, c’est sincère, ça pleure et ça rit comme vous quand vous ne jouez pas. Mais j’ai peur que ce ne soit de l’eau claire pour ceux qui aiment le champagne.

La pièce est longue ; votre rôle ne l’est, pas, bien qu’il soit l’âme et le motif de la pièce. Je ne sais pas si Bressant aimera le sien, c’est un rôle développé, mais qui reçoit la leçon, et lui, habitué à toujours plaire, à toujours vaincre, il se trouvera peut-être trop sacrifié à la moralité de la chose. L’autre monsieur de la pièce sera plus aimé du public ; peut-être voudra-t-il faire celui-là ; mais il n’y sera pas aussi bien dans ses qualités que dans l’autre, qui, en somme, est le premier de la chose. Madame Allan sera, je crois, contente, puisqu’elle veut être bête, cette chère femme. C’est elle qui sera le montant et la gaieté de la pièce. Provost n’a pas un long rôle, mais je le crois pas mal dessiné ; en voudra-t-il ? Enfin, j’aurai besoin de deux autres comiques moins conditionnés, mais assez délicats à choisir pour ne rien compromettre.

À présent, la pièce vaut-elle quelque chose ou rien du tout ? Je ne sais pas, vous me le direz ; car, à force d’y regarder, je n’y vois plus goutte. La recevra-t-on ? ça n’est pas sûr : on a peut-être dit non d’avance.

Ah ! j’oubliais : mademoiselle Dubois a du talent, n’est-ce pas ? son rôle est des plus importants.