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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

lièrement, c’est votre droit, et personne ne le conteste. Mais que vous cherchiez, en dehors des formes littéraires de mes ouvrages, des sentiments qui n’y sont point, voilà qui n’est pas équitable, et c’est à quoi j’ai le droit et le devoir de répondre.

Le procès de tendance que vous me faites aujourd’hui et qui est le résumé de plusieurs autres, le voici : George Sand fait l’apothéose de l’artiste et la satire du bourgeois. Selon elle, gloire au musicien, au comédien, au poète ; fi du bourgeois ! honte et malédiction sur le bourgeois ! Voilà un artiste qui passe, ôtez votre chapeau ; voilà un bourgeois qui se montre, jetons-lui des pierres.

Je vous répondrai par la bouche de ce Favilla, qui vous fâche si fort : Non, Dieu merci, je ne connais pas la haine. Par conséquent, je ne hais pas les bourgeois, et mes ouvrages le prouvent. C’est vous qui haïssez les artistes, et votre critique le proclame.

Je hais si peu les bourgeois, que j’ai suivi, dans le Mariage de Victorine, la donnée de Sedaine relativement à M. Vanderke, qui, de noble, s’est fait négociant, et qui a puisé là, dans le travail, dans la libéralité, dans la probité, dans la sagesse, dans la modestie, toute l’humble et véritable gloire d’un caractère que Sedaine résumait par ce mot : Philosophe sans le savoir. — Dans la même pièce, la femme, la fille et le fils de Vanderke sont des êtres aimants, sincères et bons.

Je n’ai rien dérangé aux types du maître et je me