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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

Gênes, si vous écrivez ; car c’est toujours par là que nous repasserons vers la fin du mois. À vous de cœur.


CCCXCI

À M. ERNEST PÉRIGOIS, À LA CHÂTRE


La Spezzia, 9 mai 1855.


Cher ami,

Je ne sais pas si vous recevrez ma lettre avant mon embrassade ; car je viens seulement de recevoir la vôtre et la douloureuse nouvelle qu’elle m’apporte[1]. Certainement, c’est un coup bien sensible qui vient encore me frapper, après tant d’autres. Sommes-nous malheureux depuis quelques années, mes pauvres enfants ! La vie générale tuée en nous et autour de nous, Dieu aurait dû nous laisser au moins la vie personnelle, celle de la famille et de l’amitié. Et cependant tout nous quitte à la fois ! C’est pour un monde meilleur qu’ils s’en vont, je n’en doute pas, j’en doute moins que jamais ; mais que toutes ces séparations sont navrantes pour ceux qui restent !

J’étais tout à l’heure au bord de la mer, dans un endroit délicieux, des rochers couverts de pins, et des fleurs superbes croissant en liberté jusque dans le

  1. La mort de Jules Néraud (le Malgache).