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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

peuple, les uns avec effroi, les autres avec espérance, et tous se disant « Que fait-il ? que va-t-il faire ? que pense-t-il ? que veut-il ? quel mal ou quel bien va sortir de lui ? Questions insolubles ! » Le peuple n’en sait pas davantage sur ceux qu’il regarde d’en bas, il n’en sait guère plus sur lui-même. Il attend et il s’inspirera du moment ; et qu’importe ce qu’il fera, s’il ne sait pas pourquoi il le fait ?

Instruisons-le sous toutes les formes. Le résultat de nos efforts est peut-être fort éloigné, mais au moins il est sûr, et tout le reste est inutile.

Je n’ai pas le temps de vous en dire davantage. Je vous écrirai de Nohant, et, en attendant, j’envoie à votre digne compagne, à votre famille et à tous vos chers enfants mille tendres souvenirs.

G. SAND.


DXV

À M. ARMAND BARBÈS, À LA HAYE


Nohant, 3 mai 1862.


Mon ami bien cher,

Je suis, depuis longtemps déjà, sans nouvelles de vous. Pouvez-vous m’en faire donner, si le travail d’écrire vous fatigue encore ? Dois-je espérer que vous