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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND


DVI

À MADAME PAULINE VILLOT, À PARIS


Nohant, 22 février 1862.


Chère cousine,

Ayez du courage pour ceux qui vous aiment ! ayez-en plus que moi, qui veux pourtant en avoir et qui retombe à chaque instant dans les larmes. Il est plus heureux que nous pourtant, lui[1] ! il a monté d’un degré dans une phase plus épurée et moins douloureuse certainement que la cruelle vie où nous nous traînons, où nous ne sommes heureux que par l’affection, et où justement nous perdons la source de notre bonheur, nos enfants, nos parents, nos amis, au moment où nous comptons le plus qu’ils nous survivront. Ah ! ce n’est vraiment pas vivre que d’être ainsi tous les jours à trembler ou à pleurer, et il y a quelque chose de mieux, ou bien tout n’est qu’un rêve, Dieu, la vie, et nous-mêmes.

Croyons ; comptons sur une justice et sur une bonté en dehors de notre appréciation ; moi, je ne pourrais pas ne pas croire ; je sens si profondément que le départ de cet adorable enfant ne lui a rien ôté de mon affection et qu’il vit toujours pour moi, et auprès de

  1. Lucien Villot.