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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

plus clair et nous agirons avec plus de certitude. Le but pour nous dans ce purgatoire qu’il nous attribue, c’est d’agir selon nos forces et nos croyances, de manière à pouvoir monter toujours.

J’ai à cet égard une sérénité d’espérance qui m’a toujours soutenue ou consolée, et je vous donne rendez-vous avec confiance dans un astre mieux éclairé, où nous reparlerons de ces petits événements d’aujourd’hui qui nous paraissent si grands.

Nous reverrons-nous dans celui-ci ? Je l’ignore. Mille choses disent oui, mille autres choses disent non. Si nous avions pu causer à Nohant, je vous aurais dit le livre que vous avez à faire et que vous ferez quand même, lorsqu’un peu de calme et de repos vous aura fait apparaître dans son ensemble et dans sa signification le résumé de votre propre mission.

Ce livre, j’y pensais le jour où j’ai appris votre délivrance. Je vous entendais me dire : « Je ne suis pas un écrivain de métier, je ne suis pas un assembleur de paroles. » Et je vous répondais, dans mon rêve : « Vous le ferez à Nohant ; je l’écrirai sous votre dictée, et il remplira le monde d’une grande pensée et d’une utile leçon. » Il y a un point de vue plus vaste et plus humain que l’étroite piété de Silvio Pellico. Et le nôtre, nous eussions pu le dire sans être condamnés ni poursuivis par aucun gouvernement, tant nous eussions été dans des vérités supérieures à toute société et à nous-mêmes.

Vous ferez ce livre, je le répète. Vous le ferez autre-